Salam Affandina ou Salam el Affandina ou Effendimiz Tchock Yacha       

 

 

L’origine de l’Hymne Royal Egyptien, Salam Affandina, a souvent été attribuée par erreur à Giuseppe Verdi. Cet hymne, très beau et tellement entraînant, a en réalité une toute autre histoire, beaucoup plus simple et bien plus émouvante. Cet hymne en effet a bien été composé par un italien Giuseppe Pugioli.  C’était au départ et avant qu’il ne devint l’Hymne Khédivial, Sultanien et enfin Royal, un petit air militaire. Giuseppe Pugioli vint en Egypte, comme musicien professionnel, sonneur de cornets à pistons, pour la première de l’Aïda, la veille de Noël, le 24 décembre 1871, sous la direction du Maestro Giovanni Bottesini (1821-1889), grand ami de Verdi. Une fois au Caire, il fut engagé et retenu en Egypte, par le Maestro Enrico Curti, pour l’orchestre du Théatre de l’Ezbekieh. Mais cet engagement ne dura que quelques mois au bout desquels il fut licencié. C’est alors que le vieux Maestro Juppa bey, qui était depuis longtemps chef de la fanfare militaire des Walis d’Egypte, en fin de carrière au service du Khédive Ismail pacha, engagea Giuseppe Pugioli comme Instructeur des recrues militaire à la caserne de la Citadelle.

 

Jusque là, pour faire marquer le pas aux militaires, l’on utilisait un métronome. Les mouvements de cet appareil étaient répétés par un tambour. Giuseppe Pugioli fit remplacer le tambour par une note uniforme sur son piston. Il remplaça ensuite ce son uniforme par de petits airs de marche, qu’il improvisait. C’est lui qui créa sans le vouloir notre Hymne  (sol la si do do dodo , mi réré dodo ).

 

Un jour, de bon matin, le Khédive Ismail se rendit à la Citadelle, sur la place d’armes, juste au moment  où Giuseppe Pugioli faisait jouer cet air pour faire marquer le pas aux recrues. Le Souverain écouta cet air répété plusieurs fois et en fut charmé. Il appela le Maestro Juppa Bey, et lui demanda de faire transcrire cet air pour fanfare. Et peu de temps après, une fois cet transcription réalisée, il fut joué par la fanfare khédiviale, au cours d’une solennité présidée par le Khédive.

 

Ismail Pacha décida alors que dorénavant, on le considérerait comme l’Hymne Kédivial « Salam el Affandina » ou Salam « Affandina » et en turc « Effendimiz Tchock Yacha (Longue Vie à notre Affandina) ».

 

C’est donc l’origine de ce bel hymne royal de l’Egypte. Il a été publié par la plus grande maison d’édition musicale italienne, la  Maison  G. Ricordi à Milan, d’abord une première fois tout seul, puis sous la rubrique « Terza Raccolta di Canzoni Arabe con il Saluto Vice-Reale « L’Affandina » dit Giuseppe Pugioli (sub. N° 70835 page 217 du Catalogue Général de Musique, pour piano à deux mains de la « Maison G. Ricordi & C° di Milano ». Telle est l’histoire de ce « Salam el Affandina » qui retentit solennellement comme Hymne de la Vallée du Nil.

Max Karkégi

 

 

Référence : Les Cahiers d’Histoire Egyptienne. Série V Fascicule Ier. Mars 1953, pages 92 et 93. Courtoisie de la famille de Jacques Tagher en son vivant Conservateur de la  Bibliothéque de SM le Roi d’Egypte. (et en particulier de sa fille Madame Josette Roche-Tagher que nous remercions).

 

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La partition originale de l'hymne khédivial "Salam Afandina" publié par la maison Ricordi.

Pour voir la transcription musicale complète, veuillez cliquer ICI

Nous devons ce rarissime document à la courtoisie de Monsieur Hassan Kamel Kelisly Morali, l'un des joyeux de sa collection personnelle.



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